Covid19 : Une association de belles personnes : “Les petites roues !”
Il existe des gens bienveillants, souriant aux autres qui donnent envie d’aimer la vie à des années-lumière des grands fauves tapis dans les salons dorés. De chics types quoi !
Je vais vous parler d’une association toute jeune, mais qui a déjà un joli palmarès, car elle avait déjà une vie avant sa création : «Les petites roues”.
Tout commença à Strasbourg en juillet 2017, des amis et voisins interpellés par la canicule estivale décidèrent d’aider les SDF. Ils firent des gâteaux, se munirent de boissons fraiches et s’en allaient aider les gens de la rue. Dès les premiers contacts, toutes les appréhensions avaient disparu, tout s’était très bien passé et rendre les gens heureux peut devenir très rapidement une vocation.
Une maraude hebdomadaire fut mise en place pour aider les démunis, distribuant nourriture et vêtements. Quand ils virent les camps de personnes en demande d’asile implantés à Strasbourg, ce fut le choc !
Plus rien ne sera pareil.
La distribution de repas, habituellement une quarantaine par semaine est devenue une règle.
Sabine Carriou, a gauche, est à l’origine de projet, elle a créé avec ses amis l’association “Les petites roues”.
Pourquoi une association ? Car la nourriture et les vêtements étaient à leur charge et vu la demande croissante, ils n’avaient plus les moyens financiers pour assurer leur mission.
Ils avaient besoin de l’aide des institutions, de trouver des partenaires comme les supermarchés, les boulangeries et aussi d’avoir des contacts avec les autres associations plus aguerrit. Et pourquoi ne pas faire des soirées de bienfaisance pour obtenir des dons.
Sabine et ses coéquipiers continuent leur maraude hebdomadaire, le mardi ou le vendredi en se coordonnant avec les autres associations, le lien associatif étant créé : “Les petites roues” devenait un partenaire parmi les autres associations qui pouvaient avoir d’autres actions ou travailler à une autre échelle. Tout le monde devenait complémentaire.
Un soir de mars devant la gare de Strasbourg, Sabine rencontre une famille pakistanaise avec 4 enfants. Ils sont en demande d’asile et faute de place, ils dorment dehors depuis 14 nuits sans couverture. Ils devaient être pris en charge par le Service Intégré de l’Accueil et de l’Orientation (SIAO), mais rien n’était fait. La police les contraint à sortir constamment de la gare, car les rassemblements en petits groupes sont interdits. A cette heure tardive toutes les structures d’accueil sont fermées, Sabine Carriou finance personnellement trois chambres pour une nuit l’hôtel.
“Les petites roues” est une toute petite association, sans subvention et ne fonctionne que par les dons. Le lendemain à 11h la famille est de nouveau à la rue. Ainsi pour ne pas laisser cette famille et d’autres malheureux dehors, une cagnotte solidaire est créée et vos dons les bienvenus.
https://www.leetchi.com/c/une-nuit-a-labri-pour-iqbal-et-sa-famille
Puis vint le confinement…
Avant la pandémie, il était admis que les gens soient à la rue, des associations comme l’Étage, Caritas, L’armée du Salut, Strasbourg Action Solidarité…essayaient d’aider au mieux. Actuellement des chèques repas sont distribués par l’Eurométropole de Strasbourg , mais beaucoup de personnes n’y ont pas eu accès.
Heureusement les associations sont là, l’une d’entre elles grâce aux subventions parvient à faire 500 repas par jour.
En Eurométropole se trouvent plusieurs squats, dont un, rue Ettore-Bugatti à Eckbolsheim, un ancien local commercial que le propriétaire Lidl comptait démolir en vue d’un projet immobilier de commerces. La mairie est vent debout pour récupérer les locaux.
Cent cinquante personnes y logeaient avant la pandémie.
Un deuxième squat appelé “l’hôtel de la rue” dans le quartier de Koenigshoffen à Strasbourg est aussi tout un symbole, l’adjointe Marie-Dominique Dreyssé rappelle que la ville « ne peut pas tout faire » et demande à l’État de prendre « ses responsabilités »… car elle s’inquiète pour la sécurité des lieux, la ville a porté plainte !
Deux cent personnes y logeaient. Au squat Bugatti, les conditions d’hygiène et de sécurité étaient catastrophiques (punaises de lit, départ d’incendie.
Ailleurs, les camps sont fermés et clôturés pour qu’il n’y ait pas de nouvelles installations, certains sans domicile fixe vont se réchauffer dans la salle d’attente des urgences de Hautepierre, d’autres dorment dans des voitures
Politiques et institutions semblent dépassées par la pandémie. Le confinement doit dorénavant se faire également par les SDF et dans les squats.
On ne veut plus de sans-abris dans les rues, pour y arriver toutes les associations sont mises à contribution.
Les sans-domiciles sont logés dans des hôtels par le SIAO, vaste mission, car il faut persuader les hôteliers pas souvent enthousiastes et comme de coutume dans notre pays leur faire remplir des tas de paperasse.
Cependant, il y a encore du monde dehors pendant les maraudes. Il faut les nourrir, “les petites roues” avec d’autres associations et des collectifs comme “les vélos du cœur” des cyclistes livreurs qui, entre deux livraisons normales, peuvent transporter des denrées pour les personnes dans le besoin.
Les cyclistes permettent de respecter le confinement et de ne pas mettre plus de personnes en mouvement par temps de pandémie. Mais les tournées deviennent plus compliquées, car suite au confinement beaucoup de personnes ont été logées dans des hôtels différents. 135 repas sont cahin-caha livrés et des comptes en berne depuis la crise du Covid 19. Leur financement est donc problématique faute d’aides, ils font appel à une cagnotte solidaire :
https://www.leetchi.com/c/les-velos-du-coeur-strasbourg?fbclid=IwAR2Q_j-1Z2aKyzF9ZRqV57n7oJbldKZjyUlvGrpiKfsh-6cKoxmieVTz47w
Les maraudes continuent pour “les petites roues”, avec des placements à l’hôtel grâce à des accords financiers avec 2 hôteliers au grand cœur et la cagnotte solidaire, en attendant que le SIAO (Service Intégré d’Accueil et d’Orientation du Bas-Rhin) prenne le relais. Des vies sont sauvées dont celles des premières victimes sociales de la pandémie.
Les squats ne sont pas vides, il reste du monde, 67 personnes à la rue Ettore-Bugatti et 65 à l’hôtel de la rue, le confinement ne s’est fait que tardivement avec “les médecins du monde”.Pour l’instant, l’impact du coronavirus sur les SDF de Strasbourg a été moins important que l’on pouvait l’imaginer, ce qui peut être étonnant, mais cela doit être géographique, Strasbourg s’en sort mieux que certaines villes du Haut-Rhin.
La conclusion est celle de Sabine Carriou : « La crise actuelle incite à réfléchir, les gens sont assez soucieux du bien-être de l’autre ce qui est une prise de conscience des plus remarquables », jamais Sabine n’a reçu autant de demandes pour aider à faire des repas, des maraudes, à jouer pleinement un rôle dans le bénévolat et la solidarité.
Maxime Gruber
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Hommage à celles et ceux qui se dévouent sans compter par réseau social et qui n’ont pas attendus ‘’Le tous ensemble’’, C’est bien de le faire savoir. Chapeau bas !!
En attendant les autorités locales se retranchent derrière : la ville « ne peut pas tout faire » et demande à l’État de prendre « ses responsabilités »… Pour l’urgence ou l’anticipation on verra plus tard.
Au passage, les autorités n’attendent rien non plus du Grand-Est ?
Honte à ces notables des réseaux sociaux, médias, flonflons, coupe ruban…Nous sommes tout de même dans le périmètre de l’Eurométropole de Strasbourg, que certains administrent, installés dans de confortables salons depuis plus d’une décennie.